Reviens-moi de Joe Wright ✩✩✩

Je me dépêche bien vite de faire cet article pour ma chère petite Ploucplouc qui m'a avoué être fan de James Mc Avoy (le petit monsieur en bas de l'affiche).
Pourquoi on le range tout le temps dans les films d'amour? D'accord, il y a de ça, mais c'est tellement réducteur par rapport à tout ce qu'il y a dedans! Pour moi, un film romantique c'est un peu le Harlequin du cinéma (essayez de chercher la ressemblance entre ce film et les romans à l'eau de rose!). Non, ce film est bien plus: crime, vengeance, guerre et expiation...

Le Pitch: 1935, Angleterre. Les Tallis et leurs trois enfants vivent des moments d'insouciance dans leur manoir (très) bourgeois. La benjamine, Briony, rêve de devenir écrivaine. Un soir, elle surprend sa soeur Cecilia dans une situation (assez) compromettante avec le fils de la gouvernante, Robbie. Le soir même, un drame se produit et Briony va précipiter le sort des deux amants...

La première chose qui m'a attirée dans ce film est cet univers de l'Angleterre bourgeoise des années 30, et les relations entre riches et domestiques qui y évoluent. Cercle inconnu du nôtre, mais dans lequel un spectateur peut aisément rentrer. Dès les premières minutes du film, on sent une tension entre la musique assez particulière et le rythme haché de l'action. Pour autant, ne vous inquiétez pas, cela n'empêche pas de bien suivre et de comprendre. Ci-dessous petit extrait du soundtrack:

Pourquoi une telle passion avec la musique? HA! Et bien parce que c'est le langage de ce film. En le revoyant, j'ai remarqué que les silences étaient bien plus nombreux que les dialogues. Pour autant, on ne ressent pas de manque, car cela nous aide à lire "entre les lignes" et donc à écouter le silence. Je n'ose pas imaginer les heures de travail des acteurs pour obtenir un rendu si soigné...
 Si je devais trouver un adjectif pour décrire ce film, je le qualifierais de mouvant. On est comme pris au piège dans un univers dont l'on ne peut pas sortir. Ce monde, c'est celui d'un fillette à l'imagination débordante, Briony. Bon, ne vous attendez pas à voir des elfes voler et des amis imaginaires prendre forme; on est bien loin des clichés classiques du monde de l'enfance. Je parlerais plutôt d'une plongée à travers ses yeux. Là où le personnage se démarque des autres filles c'est dans son caractère assez renfermé et assez angoissé, dans une mesure telle que cela en devient dangereux. Et bien évidemment, tout sera de sa faute, et elle ne se rendra compte de son erreur que bien plus tard. Cette fille est étrange... mais intéressante! (Minute Freud) En tant que benjamine, elle peine à trouver sa place entre un frère promis à un avenir prestigieux et une sœur plus âgée qui est le centre de son admiration. Pas étonnant qu'elle réclame donc un peu d'attention! Et cette attention, elle ira la chercher entre autres auprès de Robbie, envers lequel ses sentiments sont  (plus qu') ambigus.

Ce film est inspiré du roman "Expiation", de Ian McEwan. L'expiation, ou l'offense à réparer. Quel enfant n'a jamais fait de bêtises, ou menti? Mais ici le mensonge va prendre des proportions considérables. Imaginez vous un instant provoquer un raz-de-marée avec un seul mot. Flippant, n'est-ce pas? Au delà de la dimension romantique du film (qui n'en a pas marre des gif de scène d'amour nomdediou???) c'est une réflexion sur le poids de la vérité, une certaine mise en pratique de l'effet papillon. Si seulement Robbie ne s'était pas gourré d'enveloppe!!!!!!! (Vous comprendrez quand vous l'aurez vu) Enfin, il aura au moins eu le mérite de me provoquer un énorme fou rire.

Comme vous l'avez sans doute deviné en voyant l'affiche, Robbie va partir à la guerre. Ainsi débarque la seconde partie du film, comme un adieu à l'enfance et un catapultage brutal dans le monde de la barbarie. Plus de château de campagne et de repas prestigieux.Mais le Nord de la France et la débâcle face à l'invasion allemande. En tant que petits franchouillards, nous ignorons souvent ces années de guerre du côté des Anglais. Dans la liste: le monde de Narnia, un épisode de Dcotor Who? Qui dit mieux? Mis à part quelques petites incohérences sur les dates, de nombreux critiques se sont accordés sur le réalisme des scènes, notamment celle se déroulant sur le port de Dunkerque. Pourquoi est-elle souvent représentée dans les films de guerre anglais? Imaginez vous que les soldats se sont retrouvés pendant des jours (des semaines) à attendre qu'un bateau vienne les ramener en Angleterre, alors que les Allemands arrivaient! Dans le film, ce sont une vingtaine de minutes d'une incroyable puissance, à errer sur les traces de Robbie tout en prenant de plein fouet une vue panoramique des côtés les plus sordides de la guerre. Préparez les mouchoirs face à ces homme désespérés dont certains improvisent un petit hymne pour se redonner du courage. Pas besoin d'être un patriote britannique pour en être ému! Au passage, j'ai bien apprécié le clin d'oeil fait au cinéma français avec un extrait du Quai des brumes lors de la marche de Robbie à travers le port.

Verdict: à la fin du film, j'étais tellement sous le choc que je n'ai pas pu décoller de ma chaise pendant le générique de fin.





Commentaires

Articles les plus consultés