Lydie de Jordi Lafebre et Zidrou ❤❤❤


Après cinq mois d'absence, je reviens avec... des BD. Je me suis prise d'affection pour ce genre, du coup j'ai décidé que mes prochaines critiques concerneraient tout ce que j'ai pu lire ces derniers mois (à venir: Sambre, que j'ai adoré). Mais pour le moment, je tiens à vous faire partager une BD qui me tient vraiment à coeur: Lydie, de Jordi Lafebre et Zidrou.


Le pitch: Au début des années 30, l'impasse du Baron Von Dick, surnommée impasse du bébé à moustaches, abrite l'attachante et turbulente communauté des moustachus. Mais lorsque Camille, jeune fille simple d'esprit, va perdre son bébé à la naissance, bébé qu'elle croit encore vivant, tout le voisinage va se prêter au jeu morbide de la jeune mère: celui de faire comme si Lydie était toujours en vie...

La première fois que j'ai lu cette BD, j'avais douze ans, et l'histoire était tellement poignante * glauque* que je n'ai pas été capable de la terminer. Je suis la reine des idiotes: il m'aura fallu quatre ans de plus pour enfin trouver le courage de la reprendre, et de l'apprécier.

D'abord, parlons des dessins, parce que oui, un amateur de BD regarde ça en premier.
Mais je confesse que si j'avais une fixette dessus il est peu probable que j'aurais continué cet album. En fait, il faut avouer que certains personnages ont des têtes... euh? De cons? C'est un mélange assez déstabilisant entre des personnages de film d'animation et le réalisme de photos d'époque. Mais finalement on rentre vite dans l'ambiance, parce que le trait est tendre et drôle à la fois, et accentue fortement le côté rétro de l'histoire (Ah oui, et il faut aussi noter que tout ce qui touche à la vie quotidienne du quartier est super bien détaillé: le train de Papa Tchou-tchou, le bistrot d'Hippolyte... Pour peu, on croirait sentir l'odeur du café!)


On les aime, ces personnages de caractère, avec leurs petits défauts, leurs tics, leurs chamailleries de voisinage et leurs magouilles familiales. Pourtant, dès qu'il s'agit de cacher une vérité trop cruelle à une mère, tous vont apparaître sous leur meilleur jour.
Comment dire? On a l'impression de les connaître, parce qu'ils nous rappellent tous quelqu'un, ou bien parce que les auteurs nous invitent au cœur de l'intimité de cette petite communauté, de ses solidarités et de ses secrets.

Unis dans le drame, ils vont, chacun à leur manière, bon gré mal gré, offrir une existence à un fantôme: Lydie ira à l'école, fêtera son anniversaire avec un gros gâteau (Ooooh avec plein de chantilly!), jouera à la corde à sauter avec les petites filles du quartier... Mais où se situe la frontière entre le réel et l'imaginaire? Très vite, les limites vont devenir floues, et l'impossible se dessiner.
Après, libre à vous de vous lancer dans un questionnement métaphysique et d'aller chercher dans un livre de philo la définition du mot fantôme. Quant à moi, j'ai trouvé la fin tendue, dans le genre Hamlet: folie or not folie?

Avec le recul, je me dis que c'est la seule BD que j'ai jamais lue avec un personnage principal invisible.
Ah oui, j'oubliais: la narratrice non plus n'est pas banale, mais je vous laisse découvrir par vous-mêmes qui elle est. +1 pour l'originalité 😍

On aurait envie de ne jamais quitter cette époque perdue, ces années que les petits vieux nous racontent avec une petite larme au coin de l’œil (oui, on a tous cette arrière-grand-tante).
Toutes les BD devraient être comme ça, et nous donner ce petit regret en les quittant (parce que je ne sais pas pour vous, mais les BD, c'est vraiment trop court.).




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